Regards croisés sur les transports en Ile de France, dans le cadre du scrutin municipal des 15 mars
(et 22 mars 2020 - annulé)
Extrait du PDF: les premières pages, introduction et sommaire:
Retour sur notre Confernece débat du
Mardi 3 mars 2020 à l’ADF
GOUVERNANCE DES TRANSPORTS FRANCILIENS : VERS PLUS DE DISPARITES DEMAIN ?
Regards croisés sur les transports en Ile de France, dans le cadre du scrutin municipal des 15 et 22 mars 2020
Ouverture par Thierry LIDOLFF et remerciements à chacune et chacun de sa présence et de sa participation.
La réunion est organisée par le Think Tank INFRASTRUCTURE FRANCE,
en partenariat avec
l’ASSOCIATION DES AUDITEURS de l’IHEDATE ( Institut des Hautes Etudes De l’Aménagement du Territoire en Europe) présidée par Blandine ALGLAVE
L’Assemblée des Départements de France, nous accueille pour la seconde fois dans les locaux de son Siège (notre invité était Monsieur RAPOPORT) Je remercie Dominique Bussereau, Ancien Ministre des transports, son Président et Pierre Monzani son Directeur général.
Certains d’entre vous doivent garder – comme moi, ou Pierre - le souvenir d’une de nos réunions à l’Assemblée nationale ou, en tant qu’invité du think tank, il avait développé, peu avant les présidentielles, un plan d’action stratégique pour la mobilité et l’aménagement des territoires.
Mot de Blandine ALGLAVE qui présente l’IHEDATE et l’association des auditeurs et rappelle le lien étroit entre aménagement du territoire et mobilité.
Introduction à la Conférence débat par Thierry LIDOLFF, fondateur du Think Tank INFRASTRUCTURE France
Thiery LIDOLFF salue M Daniel TARDY, ancien Président de l’IHEDATE et Président du comité stratégique du Think tank.
Les Elections Municipales, dans toute la Métropole et tout particulièrement en Ile de France, donnent une part importante à la mobilité, comme enjeu d'équité et d'accessibilité aux services essentiels.
Compte tenu de la double dimension développement économique et aménagement des territoires, le think tank INFRASTRUCTURE FRANCE organise une conférence débat sur le thème : "Gouvernance des transports franciliens : vers plus de disparités demain ? "
Notre Think tank est convaincu que la mobilité, première liberté, si un classement a du sens, est un facteur d’épanouissement personnel et social et de prospérité économique et territoriale. Celle-ci est profondément inégalitaire et les perspectives d’un gain en équité sont peu perceptibles en raison principalement de l’insuffisance de l’action collective en termes de politiques publiques et de l’éclatement des acteurs sur des territoires portés par des collectivités concurrentes et superposées.
Nous avons réalisé Trois points d'actualité sur la base d'articles de presse ont été présentés sur notre site en préparation de la conférence qui sont en ligne sur notre site Infrastrcturefrance.fr .
Quelles sont les questions de mobilité qui apparaissent dans l’actualité des élections municipales ? J’en citerai quelques-unes :
- La gratuité des transports ( renoncement du gouvernement à l’inscrire dans la loi, suite aux revendications des gilets jaunes)
- La tarification, et un thème qui n’est pas évoqué : le péage urbain
- La transformation du périphérique, celle des Champs Elysées
- Le développement du vélo et des infrastructures ( la grève : occasion d’un développement nouveau avec l’apparition de cartographies des temps de parcours entre différents lieux de Paris - 14 minutes entre porte de Clichy et gare Saint-Lazare, 17 minutes entre porte de Saint-Cloud et porte d'Orléans ou 16 minutes entre gare du Nord et place de la Bastille.
- Le concept de la Ville du Quart d’Heure » : « habiter dignement, travailler dans des conditions correctes, s’approvisionner, le bien-être, l’éducation et les loisirs. Pour améliorer la qualité de vie, il faut réduire le périmètre d’accès à ces six fonctions » … « démobilité et déconstruction de la ville segmentée » (risque de contradiction des deux concepts ?)
- La piétonisation des centres villes
- La suppression de 60000 places de stationnement sur Paris ( la moitié de l’existant)
- La mise en concurrence accélérée des transports en Ile de France
- Le service minimum dans les transports
- Le déplacement de deux grandes gares parisiennes (sujet éphémère)
- L’ « égoïsme » reproché à Paris par des territoires limitrophes, en particulier sur la limitation des accès voitures ( voirie et parkings) qui nécessitent en contrepartie une offre de transport collectifs structurée
- Le développement du vélo sur les territoires périphériques et les liaisons continues avec les territoires voisins
- Lancé à l’initiative du Boston Consulting Group, Mobility Nation est un groupe de travail autour de la mobilité du futur : 24 recommandations à destination des filières industrielles et des pouvoirs publics, afin de faire évoluer la mobilité en Ile-de-France d’ici les Jeux Olympiques 2024. Son objectif final : permettre à l’agglomération de devenir la première en Europe à réinventer sa mobilité à l’horizon 2030
- L’intégration à Paris d’une vingtaine de communes limitrophes à Paris
- La Métropole du Grand Paris débloque 100 Millions pour lutter contre le bruit
Et également :
- La fermeture des superettes près de chez soi ( lien avec le phénomène des gilets jaunes)
- La poursuite des études sur les fractures françaises (Les grandes tendances qui traversent l’opinion publique dans les domaines culturel, économique et politique font apparaître un pays profondément divisé mais révèle aussi la force d’aspirations collectives susceptibles de maintenir son unité)
Ex : Jérôme Fourquet révélait dans son livre L’archipel français, en mars 2019, l’état de division de la société, le rapport de Destin Commun prolonge le diagnostic, mais par une autre approche, plutôt qu’aux données brutes (statistiques, cartes géographiques…), la nouvelle étude a eu recours aux outils de psychologie sociale « pour rentrer dans la tête des Français »
En ressortent « trois France » : celle dite « tranquille » (30 % de la population), qui se caractérise par une satisfaction à l’égard de notre modèle de société et une confiance dans les institutions ; la France « polémique » (32 %), qui rassemble des personnes sensibles aux idées radicales de gauche ou de droite et qui contestent, pour des raisons totalement antagonistes, le système ; et la France « des oubliés » (38 %) où l’on retrouve ceux qui sont en rupture de la société, à des degrés divers.
- La hausse du déficit du budget de l’Etat, la hausse des dépenses de fonctionnement et la chute des dépenses d’investissement, la non prise en compte par l’Etat et la Cour des comptes de la différence structurelle entre ces deux types de dépenses publiques ( nécessité d’intégrer les principes de la comptabilité des entreprises et entités économiques, et nécessité de prendre en compte les mécanismes de croissance et de création de richesses – pourtant bien connus - dans les politiques publiques ( amortissements, évaluations…)
- La réflexion sur le bon niveau de compétence des collectivités pour le logement et la mobilité ( jusqu’à 5 niveaux de compétences superposées pour ces deux politiques publiques majeures) idem pour les réflexions relatives aux accès à l’ensemble des services publics et d’intérêt général
- L’intermodalité ( serpent de mer ?): l'opportunité de sortir des offres organisées en silos et de préconiser un déplacement multimodal : voiture + métro, puis vélo... en intégrant l'ensemble des critères participants à l'optimum pour les territoires et leurs collectivités. La régulation est alors basée sur des algorithmes qui prennent en considération les coûts privés, les couts publics et les temps passés dans les déplacements. Des algorithmes d'intérêt général.
- Le renoncement des pouvoirs publics à recensé ou compter les « sans abris « et le refus de l’Insee d’en entreprendre la mise en œuvre s’agissant de personnes » invisibles » dans « un contexte d’évolution des informations disponibles sur les sans-abri », commente l’Insee, qui craint que les résultats d’une telle enquête soient » contradictoires avec les comptages réalisés aujourd’hui lors de nuits de la solidarité », compte tenu des “sans-abri cachés”
- Un partenariat entre Paris et l’Yonne pour faire naître ou renaître des coopérations autour de l’alimentation, du tourisme, de l’achat de bois.
- Les métropoles « dépassées » par les enjeux de la mobilité
- La France chute dans le classement mondial pour les investissements dans les infrastructures : elle se classe désormais au 18e rang mondial pour la qualité de ses infrastructures après avoir reculé à la 7e place en 2015, alors qu’ »’elle dominait la hiérarchie mondiale en 2012
Je citerai par ailleurs une enquête qui vient d’être publiée sur les mobilités et un article récent du Monde:
- Dix heures et 400 km par semaine, des déplacements massifs et marqués socialement… Radiographie de la mobilité des Français ( une synthèse de l’enquête est présentée sur le site)
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L’Enquête Nationale Mobilité et Modes de vie (Début: 01 décembre 2018,Fin: 01 mars 2020) a souhaité comprendre quelle est la place réelle de la mobilité dans nos modes de vie, alors que la perspective d’une hausse de la taxe carbone a engendré le mouvement des « gilets jaunes ».
Les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports continuent d’augmenter en France sans perspective d’amélioration à courts termes. L’enquête a appliqué une méthodologie en phase avec les temporalités d’aujourd’hui, prenant en compte tous les déplacements de travail, de sociabilité et de loisirs, pour coller au mieux à la réalité.( site Forum Vies Mobiles)
- Christian Saint-Etienne : «Une nouvelle politique territoriale s’impose à notre pays »
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Comment relancer la production dans les territoires ? interroge le professeur titulaire de la Chaire d’économie au Conservatoire national des Arts et Métiers qui était notre invité à l’atelier qui s’était tenu à la Chambre de Commerce et d’industrie de Paris Ile de France.
Extrait, une de ses propositions :
« La commune métropolitaine, nouveau nom des intercommunalités à élection directe dont les communes deviennent les subdivisions, doit présenter tous les trois ans un plan stratégique glissant de six ans dont la cohérence territoriale est assurée par le département dans le cadre d’une stratégie régionale. Ce plan définit les investissements communaux dans les transports, la santé, l’éducation, le développement économique et le logement.
Les 1 200 Exécutifs territoriaux ainsi créés, qui sont en pratique la transformation des conseils actuels des intercommunalités en Exécutifs élus directement, peuvent gérer en cohérence les sujets du développement économique et de l’emploi, de l’éducation, de la santé, des transports et des loisirs sur un bassin de vie.
La commune métropolitaine devient le support de la réforme du système de santé qui organise la multiplication des maisons de santé afin de mailler à nouveau les territoires en services de santé et de développer la médecine préventive. La mise en cohérence des plans stratégiques des métropoles et communes métropolitaines par les régions et l’Etat doit être le fondement de la nouvelle politique territoriale qui s’impose à notre pays. »
Notre think tank a réfléchi à un modèle comparable :
- La Région est l’autorité compétente sur tous les sujets relatifs à l’aménagement des territoires ( schémas territoriaux, stratégie d’aménagement urbain, environnement, mobilité, logement, accessibilité aux services essentiels, réseaux de télécommunication et d’internet… ) ;
- Elle définit ses priorités en relation et en partenariat avec l’Etat et sur la base des contributions et partenariats avec les interco et métropoles ;
- Les interco et métropoles définissent leurs priorités qui servent de base au partenariat avec la Région ;
- Elles tiennent compte des attentes des communes ; par ailleurs, elles se concertent avec les départements, compte tenu de leurs compétences ;
- Les communes sont le lieu privilégié de la démocratie directe avec les habitants ;
- Elles font connaitre leurs attentes auprès des interco et en constituent les partenaires dans la mise en oeuvre, le contrôle et l’évaluation des actions convenues entre l’interco et la région ( il en va de même en ce qui concerne le Département.
Des participants ont transmis des observations, en voici quelques-unes qui pourront alimenter nos échanges:
- « La région IDF s'organise pour moderniser le terrestre (ferroviaire et bus/cars). Une solution pour éviter l'"archipellisation" et les inégalités passe-t-elle nécessairement (en IDF et en régions) par la concentration des pouvoirs dans une autorité à définir ? Schéma peu conforme avec la décentralisation… »
- « A l’abri du mur du périphérique, ni gare ni voiture, Paris cité interdite, la mobilité est un droit pour tous »
- « Le bilan du covoiturage en Ile de France pendant les grèves SNCF et la subvention d’Ile de France Mobilité de 2 €/voyage est de 2 000 trajets/jour sur un total de 41 000 000 déplacements/jour ! La généralisation de la subvention au covoiturage comme annoncé en Ile-de-France, à hauteur de 150 €/mois, est un gouffre pour les fonds publics et donc une impasse. Le bilan national de l’autopartage montre que sa clientèle gagne 3 700 € mensuel soit 2 fois le revenu médian, 50 % ont BAC + 5 et utilisent les véhicules pour l’essentiel le week-end sur des distances moyennes de 80 km. L’impact sur la mobilité quotidienne est donc quasi nul. »
- « La France chute dans le classement mondial pour les investissements dans l’infrastructure : elle se classe désormais au 18e rang mondial pour la qualité de ses infrastructures après avoir reculé à la 7e place en 2015, alors qu’elle dominait la hiérarchie mondiale en 2012 »
Notre thème de ce soir : Gouvernance des transports franciliens : vers plus de disparités demain ?
Regards croisés sur les transports en Ile de France, dans le cadre du scrutin municipal des 15 et 22 mars 2020
Rappel : Nos deux derniers ateliers : Le Grand Paris Express, les batteries des véhicules
Avec François JOLLIVET - membre du Think tank INFRASTRUCURE France, expert et dirigeant au service de Grandes Collectivités territoriales - nous procèderons à l’analyse des ressorts passés et présents de la politique locale en Ile de France.
Des rappels historiques essentiels et un bref état des lieux des disparités, permettra d’appréhender les considérants politiques qui ont conduit à des options territoriales différentes en matière de mobilité, dans un contexte où l’espace francilien se distend de plus en plus.
Les différences en termes d'offres locales de mobilité sont des facteurs sérieux de risques d'accroissement des inégalités sociologiques en Ile de France et de tensions nouvelles. Les visions et projets élaborés dans le cadre de la campagne des municipales sont contrastés et s’opposent souvent jusqu’à générer des polémiques entre les territoires.
Nous échangerons sur les perspectives de la structuration actuelle et future des réseaux de transports à Paris et dans les Départements des petites et grandes couronnes.
Nous pourrons porter un regard critique sera sur l’« archipellisation » de la mobilité, et la pertinence et l'efficience de la gouvernance de la politique de mobilité à l'échelle de l'Ile de France.
La parole est donnée à François Jollivet pour 20 à 30 minutes d’exposé qui seront suivis par des échanges, mais n’hésitez pas à intervenir pendant l’exposé pour des éclaircissements.
Reprise ci contre des supports distribués et utilisés au fil de la Conférence :
I. Série de visuels commentés
- Historique, état des leiux, perpectives
- Ferrovière voygeurs
- Rotes et autoroutes
- Fret,
- Fluvial
II. Choix et promotions des différents modes de transports sur le territoire en sortant de l’idéologie :
- Appréhension avant décision des impacts sociologiques, environnementaux, politiques des modes de transports…
- Sujet des zones périphériques de la RIF
- La route : la mal-aimée avec toutefois demain le véhicule électrique, autonome etc…
- Le fluvial : le « parent super pauvre »
III. Aspects financiers et tarifaires
- Gestion des grands projets avec des dérives budgétaires et calendaires
- Simplification des flux financiers entre Institutions
- Gratuité des transports à terme ou pas
- Intégration d’un volet qualité de service sur la tarification (remboursement suite à la grève non automatique) –seule une tarification sociale en vigueur
- Utilisation raisonnée des CPER
IV. Absence d’innovation financière dans les projets de mobilité
- Nouveau business model
- Mobilisation fonds privés Infrastructure
...... suite dans le PDF