Vers une pause durable des dépenses d'infrastructures et de mobilité ?

L'investissement public dans les infrastructures est en baisse chaque année, les projets sont gelés ou abandonnés, les besoins de renouvellement et de modernisation ne sont plus...

…satisfaits à hauteur des besoins de sécurité, de confort et de sauvegarde des équipements.

 

Le déficit infrastructurel de la France est aujourd'hui conséquent.

 

Le débat sur ces questions et leurs conséquences en mobilité, emploi et croissance ne s’est pas véritablement imposé pendant la campagne des présidentielles. Une occasion pour le gouvernement de mettre en marche la transition numérique et écologique afin de moderniser le pays. L’ « ADRESSE AUX CANDIDATS » élaborée par notre Think Tank a pourtant reçu un accueil favorable de la part de la plupart des candidats…sans, pour autant, que nos propositions ne soient intégrées dans les programmes – programmes parfois informels ou flous.

 

La réduction des dépenses publiques est davantage un alibi qu’une raison véritable

 

La maitrise des dépenses publiques de l’Etat et des Collectivités est présentée comme la raison de la baisse des investissements. Faux : d’abord depuis des années les dépenses globales continuent d’augmenter, ensuite en 2017 comme dans le budget 2018, on a renoncé à baisser la dépense publique (et le déficit et les emprunts qui l’accompagnent).

 

En réalité, au sein de la masse des dépenses publiques, le fonctionnement croit au détriment de l’investissement, faute d’un arbitrage privilégiant les dépenses d’avenir et faute de faire les économies sur le fonctionnement et en particulier sur la masse salariale.

 

Le prix à payer, à terme, de cette politique de l’autruche sera considérable pour la compétitivité du pays

 

Le dernier diagnostic de la Cour des Comptes, qui montre que le déficit public qui était prévu à 2,8%, est aujourd'hui attendu à 3,2%. Cela met en cause le fonctionnement du pacte de stabilité et des engagements du pacte de stabilité. La France devait revenir en dessous des 3% de déficit et s'y maintenir, afin de rentrer dans le volet préventif du pacte. Au-dessus des 3%, vous êtes dans le volet correctif. Une fois revenu en-dessous des 3%, des règles d'ajustement budgétaire sont calculées sur la vitesse de réduction du déficit structurel. Et pour faire jouer un certain nombre de flexibilités du pacte il faut être en dessous des 3%.

 

Aujourd’hui les grands projets d’investissement sont bloqués et un débat sur la mobilité est lancé. Que deviendront les promesses de campagne ? Un plan d'investissements a été annoncé à hauteur de 50 milliards pendant les 5 ans. Quand est-ce que ce plan se déclenchera, et quelles seront les sommes en jeu ? (Il semble qu’il y ait une grande part de ces crédits qui viennent d’un recyclage de crédits existants et que la part revenant aux infrastructures de mobilité et de transports soit très réduite)

 

D'une manière générale, les investissements publics ont lourdement contribué à la « maitrise » certes relative des déficits au cours des années du quinquennat Hollande, une politique qui pourrait donc être poursuivie, au moment où on semble renoncer à la baisse des dépenses de fonctionnement et de réduction du nombre de fonctionnement, et alors que l’on ne trouve pas le courage de débloquer des projets comme l’A 45 LYON SAINT ETIENNE ou l’AEROPORT de Notre Dame des Landes, par exemple.

 

Pourtant les promoteurs d’une reprise de l’investissement sont de plus en plus nombreux

 

A l'inverse de telles décisions, certains organismes internationaux, comme le FMI, l'OCDE, ou la BEI très récemment encore soutiennent les dépenses d'infrastructures, pour leur soutien à l'emploi, à la croissance potentielle, tout en pouvant être financées à faible coût et avec des contributions privées substantielles.

 

On voit qu'on a, depuis un certain temps maintenant, un point de PIB de moins chaque année d'investissement public. Il y a des besoins d'investissements importants, qui sont soit liés à l'usure, soit à la transition numérique, le très haut débit, les infrastructures routières ou même la transition écologique. Surtout, il ne faut plus les retarder, car plus on attend, plus les couts renchérissent et plus les conséquences économiques et sociales ont importantes. De surcroît, l’argent privé est disponible et on bénéficie de conditions de financement extrêmement favorables. Et les effets économiques (croissance et compétitivité) sociaux (emploi) ou individuels (mobilité et accès aux services au logement et aux emplois) que démontrent notre Think tank dans ses propositions n’ont pas besoin d’être rappelées ici.

 

Jean Armand

 

En annexe : article récent d’Atlantico suite aux recommandations de la BEI – interview de Mathieu Plane :

 

 

Alerte sur les infrastructures publiques : les dépenses d’investissement européennes sont au plus bas depuis 20 ans et cela nous coûte bien plus que les inconvénients liés à des nids de poule

 

Atlantico : Selon la Banque européenne d'investissement, les pays de l'Union européenne seraient actuellement en situation de sous-investissement concernant les infrastructures de transport, mais également pour le numérique, celui affichant un plus bas de 20 ans, à 2.7% du PIB. En quoi de telles infrastructures seraient nécessaires ? Quels sont les "bienfaits" à attendre de tels projets ?

 

Mathieu Plane  : La crise financière, dont le déclenchement a eu lieu en 2008, puis les politiques d’austérité à partir de 2011 ont causé des dégâts considérables sur le tissu productif et l’investissement ; Tout d’abord la crise financière a conduit à un désinvestissement brutal, plutôt privé, dans tous les pays de la zone euro, puis à partir de 2010, ce sont les politiques d’austérité dans la zone euro qui ont freiné la reprise et conduit à un nouvelle chute de l’investissement, cette fois principalement public.

 

Désormais, l’investissement public dans la zone euro est à un plus bas historique et pour la France, il est à son plus bas niveau, en points de PIB, depuis 1952…c’est d’ailleurs actuellement le point noir de la reprise en France. En 2017, les administrations publiques vont investir environ 18 milliards de moins qu’en 2010. L’investissement public en ouvrages de génie civil compense désormais tout juste la dépréciation du capital. Le capital public en infrastructures par tête diminue.  Or l’investissement public, à travers ses infrastructures est un facteur essentiel de production. L’accroissement de l’investissement public dans l’infrastructure augmente la production à court et à long terme. En effet, c’est une mesure de soutien à l’activité à court terme, notamment dans les territoires à travers les carnets de commande, mais aussi un élément déterminant pour rehausser la croissance potentielle. Les besoins d’investissement sont conséquents, que ce soit dans le numérique, les infrastructures de transport, d’eau, dans la transition énergétique, les déchets… Le renforcement des réseaux de transport, d’énergie, de télécommunication accroissent la compétitivité de l’économie, stimule l’investissement privé et augmente le potentiel de croissance de notre économie, élément essentiel pour sortir de la trappe à lowflation et écarter le risque de stagnation séculaire. De plus, Les taux d’intérêt souverains sont très faibles dans de nombreux pays de la zone euro. Le bas niveau des taux incite à financer ces investissements par de la dette publique et la soutenabilité en est assurée par l’accumulation d’un actif. L’investissement constitue une contrepartie (actif) à la dette créée. Les projets d’investissement avec un taux de rendement supérieur aux taux doivent être entrepris. Avec des titres publics à des taux réels faibles, voire négatifs, la valeur nette patrimoniale (actifs – dettes) de l’Etat s’améliorera au final.

 

Une telle demande n'est elle pas paradoxale avec le besoin d'assainissement des comptes publics, préconisé par la Commission européenne et le gouvernement ?

 

En effet, les règles budgétaires européennes ne sont pas adaptées pour soutenir l’investissement public. Ainsi, sur la période 2010-2015, la réduction de l’investissement public a représenté 30 % de l’ajustement budgétaire total dans la zone euro alors que celui-ci ne représente qu’environ 6 % de la dépense publique. Et en Espagne et en Italie, cela représente respectivement 50 % et en Italie 60 % (25 % en France). Les pays contraints de diminuer très rapidement leurs déficits ont été poussés à réduire très fortement dans leurs dépenses d’investissement car c’est le poste budgétaire dans lequel il est le plus facile de couper.

 

L’investissement public a clairement servi de variable d’ajustement dans la politique de réduction des déficits en Europe avec les conséquences que l’on sait à la fois sur l’activité passée mais aussi sur la croissance potentielle future.  En effet, depuis 2010, tous les pays de la zone euro, se sont engagés dans une course folle à la réduction des déficits publics, pour revenir dans un premier temps, en-dessous des 3 % du PIB et désormais, pour beaucoup de pays, pour atteindre l’équilibre budgétaire structurel. Mais cette notion, bien que plus pertinente que celle uniquement basée sur la mesure nominale du déficit même si elle pose le problème de la bonne mesure du cycle, ne distingue pas les dépenses d’investissement physiques de tout autre type de dépenses. Une règle budgétaire élémentaire pourrait à minima sortir les dépenses d’investissement du solde public structurel.

 

En effet, l’investissement physique constitue une contrepartie patrimoniale à l’endettement, vecteur de rendement économique futur, qui justifie que les Etats puissent emprunter pour investir, et ce d’autant plus dans un contexte de taux d’intérêts sur les obligations publiques très faible. Les règles budgétaires telles qu’elles existent obligent la plupart des pays de la zone euro à pratiquer des politiques de consolidation budgétaire perpétuelles qui pèsent sur la croissance à court et long terme.

 

Comment jugez des décisions françaises sur ce thème ? Les recommandations faites par l'EIB sont elles en adéquation avec les prises de position du gouvernement ?

 

Le gouvernement propose un Grand Plan d’Investissement de 57 milliards d’euros sur le quinquennat, ce qui n’est pas négligeable même si seulement environ la moitié sera en réalité des nouveaux crédits. Ce Plan d’investissement est bien ciblé car il est tourné sur la Formation, la transition énergétique, le numérique, la santé, les transports... Par ailleurs, le gouvernement veut faire en sorte que les collectivités locales fassent des économies de 13 milliards d’ici à 2022 uniquement sur les dépenses de fonctionnement de façon à préserver les dépenses d’investissement, qui avaient été très affectées par la réduction des dotations sous le quinquennat précèdent.

 

Le gouvernement a donc conscience que l’investissement public est un enjeu important mais il s’est également engagé dans le même temps à faire 60 milliards d’économies sur la dépense publique sur le quinquennat. Le risque est que face à cette contrainte budgétaire dure, ce plan d’investissement serve de variable d’ajustement et ne soit pas déployé dans sa totalité…

 

Nos propositions

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Présidentielles:       "ADRESSE AUX CANDIDATS" Version 2

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