La nécessité d’une  relance de  l'investissement public

Les Etats Unis choisissent de relancer les investissements publics, contrairement à la France, alors que cet impératif s’impose davantage chez nous. Chez nous l’Etat providence orienté davantage vers la protection sociale nous rend aveugle devant les impératifs de l’économie. Il faut rappeler que les investissements publics…    

… dans les transports, le très haut débit, ou encore la rénovation thermique, de la santé, de l'université ou de la recherche, sont générateurs de croissance et d’emplois. L’article des Echos (19 02 2014) de XAVIER RAGOT, développe ces arguments. On peut y ajouter que ces investissements publics ne sont pas toujours des dépenses publiques nouvelles. En effet il y a le financement privé par les investisseurs, ou par les usagers, ou encore la substitution, au sein de la dépense publique, entre dépense de fonctionnement et dépense d’investissement.

Voici cet article ci contre.


Jean Armand


« Alors que François Hollande revient des Etats-Unis, on ne peut qu'être tristement impressionné par la différence entre la situation économique des deux pays. La croissance repart aux Etats-Unis et le chômage touche moins de 7 % des actifs, avec un taux d'emploi faible il est vrai. Cet écart provient d'une politique américaine pragmatique qui contraste avec le dogmatisme européen. Après une politique monétaire et budgétaire volontariste, des économistes américains éminents comme Larry Summers, Ken Rogoff ou même Ben Bernanke n'hésitent pas à discuter d'une relance de l'investissement public. Mais, plus qu'aux Etats-Unis, c'est en Europe et en France qu'une telle relance est urgente.


Pourquoi la relance de l'investissement public est-elle aussi peu discutée en France ? Le débat français reste dominé par la modernisation de l'Etat providence. Il faut bien sûr moderniser le système de protection sociale. Mais celui-ci n'est pas la cause du chômage élevé ni de la crise européenne. Les analyses purement franco-françaises passent à côté des causes profondes du chômage et de la croissance anémique, qui est la gestion calamiteuse de la crise européenne. Le désendettement des ménages et des entreprises, conjugué au désendettement à marche forcée des Etats du Sud (dont le FMI reconnaît lui-même que ce fut une erreur) contribue à l'évaporation de la demande européenne. Enfin, personne ne semble s'inquiéter que la Banque centrale européenne décide seule d'avoir une gestion asymétrique de son mandat, en luttant bien plus activement contre l'inflation élevée que contre l'inflation faible. Tout cela contribue à plonger l'Europe dans la déflation. Il y a urgence à soutenir la demande en Europe pour relancer l'activité et faire reculer le chômage.


L'hétérogénéité des Etats ne plaide pas pour une relance au niveau communautaire, mais pour une coordination européenne de politiques nationales. Dans cette situation, la France doit prendre des initiatives pour relancer la croissance. Il faut un investissement public massif dans les domaines qui changent le quotidien des Français tout en stimulant l'activité. D'abord, les transports publics, alors que des millions de Français passent des centaines d'heures par an dans des transports publics au bord de la saturation. Ensuite, le très haut débit numérique doit donner lieu à un plan d'investissement massif pour connecter tous les Français comme en Corée du Sud, par exemple. Enfin, il y a pénurie de logements en France. Un plan de qualité, massif, économe en énergie, ferait enfin baisser les prix de l'immobilier. On peut trouver d'autres exemples dans les secteurs de la rénovation thermique, de la santé, de l'université ou de la recherche. Ce sont des centaines de milliers d'emplois qui seraient créés par une relance de l'investissement public, avec seulement une fraction des 50 milliards d'euros d'économies annoncées par le gouvernement.


Face à cette perspective, deux objections sont souvent avancées. On a essayé en 1981, et on a vu les résultats. Mais la relance de la demande s'était faite par les salaires avec une inflation élevée. Le résultat fut un creusement du déficit commercial - la relance a plus profité à l'Europe qu'à la France. Rien à voir avec la relance de l'investissement dans le secteur des biens non échangeables, au sein d'un environnement déflationniste. A cause d'une erreur de politique économique réalisée il y trente ans, nous ne sommes plus capables de penser la situation actuelle !


La seconde objection concerne la dette publique élevée. Mais la réduction importante de l'endettement public sera l'affaire de dix ans, c'est la leçon de l'expérience européenne. Nous avons besoin d'économies sur les dépenses publiques inutiles, non pour accélérer le remboursement de la dette, mais pour moderniser notre pays et baisser les impôts. Soyons pragmatiques : l'investissement public est utile et nécessaire. »


Xavier Ragot est chercheur au CNRS et à l'Ecole d'économie de Paris.    

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